Les Travailleurs de la Mer - Victor Hugo


Chers amis de la littérature,
 
Les récits du monde littéraire portant sur les passions maritimes sont bien nombreux à compter. Chateaubriand, dans ses Mémoires d'Outre-Tombe publiée de 1849 à 1850, a ainsi fleurit l'horizon de la littérature d'éloge merveilleusement beaux relatifs à la mer et son environnement. Mentionnons également l'illustre Jules Verne qui, dans son roman Vingt milles lieues sous les mers, édité entre 1869 et 1870 par Pierre-Jules Hetzel, qui s'est enquit de formuler un roman entier à la gloire de cet univers merveilleux.
 
Victor Hugo repose dans le Panthéon national de la littérature. Nous lui connaissons ses chefs d'œuvre intemporels, arrachant nombres de larmes à ses lecteurs. Précurseur du romantisme, figure poétique et littérateur extraordinaire, Victor Hugo a entreprit sa vie à décrire les passions humaines comme Balzac et Zola en leur temps. Les Misérables, Notre-Dame de Paris ou bien L'homme qui rit sont des noms d'œuvres farouchement grandes, dont le sens profond se ressent chez grands nombres de nos contemporains. Peintre littéraire en tout sens, Hugo est véritable timonier du XIXe siècle, éclairant les cœurs passionnés à coup de mots sortis des Cieux. Si je puis me montrer admiratif, de toute les manières possibles pour les œuvres citées ci-dessus, l'Impasse des Belles Lettres souhaite faire un écho sur ce chef d'œuvre majeur de la littérature française, Les Travailleurs de la Mer, publié en 1866 par l'Edition Albert Lacroix et Cie.

Au cours de son exil politique, Victor Hugo étant bannis de France par le décret du 9 janvier 1852 suite au Coup d'Etat perpétré par Louis-Napoléon Bonaparte, devenant ainsi Napoléon III dont le littérateur fut l'adversaire, eu grandement l'occasion de voyager tout d'abord en Belgique puis dans les Iles Anglo-Normandes. Ce détail est d'une immense importance dans l'établissement du roman Les Travailleurs de la Mer. En effet, c'est en ces lieux, coincés entre la France et l'Angleterre, bercés par la Manche et l'Océan, que Victor Hugo va entreprendre l'écriture de ledit œuvre. Deux îles rentrent ainsi dans la vie de l'auteur, Jersey et Guernesey. Le roman dont il est question à l'instant est ainsi un homme à la deuxième île, où Hugo séjournera longuement.

« Je dédie ce livre au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable. »

Cette apostrophe est ainsi apposée dès l'ouverture du roman, démarrant par ailleurs à un hommage introductif à l'île et ses habitants intitulé L'Archipel de la Manche. Victor Hugo, malgré son écrit, pourra rentrer en France en 1870, à la chute de l'Empereur.

Le monde de la mer y est célébré avec une justesse si noble. Chaque page est un véritable appel à la gloire de ces matelots, pêcheurs et navigateurs qui connaissent les confins marins les plus secret de nos eaux. A travers le personnage de Gilliat, bercé de son amour effarouché pour Déruchette, s'enquit de traverser les plus âpres dangers pour prouver ses sentiments à la jeune indécise. Mêlez donc à cela une aventure hors du commun, rassemblant hommage profond au monde marin, aux superstitions des horizons maritimes, aux combats majestueux d'un homme confronté à son rôle d'Eglise et l'évolution industriel d'une société chamboulée, à la mesquinerie et à la tromperie, aux désillusions malheureuses d'un homme vivant pour les flots d'écumes. Tel est le dessin du roman de Victor Hugo.

Au-delà de l'histoire de machination crapuleuse et d'amour, des drames personnels des personnages campés avec une modernité surprenante, il s'agit d'un roman terraqué, emmêlant eau et terre, en quête d'un regard sur les océans, comme d'une ode à la mer. S'il n'est nullement précurseur de l'intérêt scientifique contemporain du géographe Élisée Reclus sur les courants marins ou de l'historien Jules Michelet sur le désenclavement maritime, l'œuvre ouvre vers l'horizon des écrivains voyageurs du siècle suivant, à commencer par leurs précurseurs souvent immobiles que sont Joseph Conrad et son Typhoon avec la tempête fusionnant l'air du ciel et l'eau de la mer, Jules Verne, Pierre Loti, Henry de Monfreid et Roger Vercel des aventures ou navigations lointaines.

Mais bien plus que l'aspect grandiose de l'ouvrage, il s'agit véritablement aux yeux de l'auteur d'une œuvre majeure, d'un pilier colossal de l'action de Victor Hugo.

« La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l'homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu'il croie, de là le temple ; il faut qu'il crée, de là la cité ; il faut qu'il vive, de là la charrue et le navire. Mais ces trois solutions contiennent trois guerres. La mystérieuse difficulté de la vie sort de toutes les trois. L'homme a affaire à l'obstacle sous la forme superstition, sous la forme préjugé, et sous la forme élément. Un triple anankè règne sur nous, l'anankè des dogmes, l'anankè des lois, l'anankè des choses. Dans Notre-Dame de Paris, l'auteur a dénoncé le premier ; dans Les Misérables, il a signalé le second ; dans ce livre, il indique le troisième.
À ces trois fatalités qui enveloppent l'homme, se mêle la fatalité intérieure, l'anankè suprême, le cœur humain »
 

Cette déclaration en démontre la véracité farouche. Ce sont les Hommes que l'auteur a une fois de plus peint avec émotion. C'est un héritage des sentiments grandement nobles que Chateaubriand en ses Mémoires, exprimant si profondément les paysages merveilleux de Saint-Malo, eu a écrire.

Une fois de plus, Victor Hugo s'est positionné en virtuose d'un monde qui fut le sien, posant ainsi par écrit les grondements incessant d'une mer déchaînée par l'écume de la passion, de l'amour et de la gloire.


 

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