Prix Goncourt - Prestige littéraire français

Chers amis de la littérature,
 
Le monde des Lettres est, nous le savons, parsemé de prix littéraires, variant dans leur degré de prestige et d'influence médiatique.
 
Eric Vuillard, pour son roman L'Ordre du Jour aux Editions Actes Sud, vient de remporter le prestigieux Prix Goncourt en ce 6 novembre 2017 après des mois de délibération. Nous lui présentons par ailleurs nos sincères félicitation pour ce sacrement littéraire. Il succède ainsi à Leïla Slimani pour son ouvrage Chanson Douce publié en 2016 aux Editions Gallimard.
 
Cet évènement dès plus attendu dans le monde du livre est une occasion exceptionnelle que de rappeler l'historique O si grand de ce moment unique de la littérature française. Le Prix Goncourt voit sa création dès le début du XXe siècle en 1903, à la mort des Frères Goncourt. C'est en effet, toute une préparation cérémoniale qui vit le jour à la disparition de ces deux mécènes culturels, et ceux à leur demande absolue.
 
Il faut pour comprendre le prestige actuel du Prix Goncourt, remonter aux origines de la construction de l'Académie Goncourt. En 1862, les Frères Goncourt décident par fond de testament, que la totalité de leurs biens soient vendus ainsi que le placement de leurs capitaux dont les intérêts serviront à l'Académie Goncourt, Cénacle littéraire selon l'expression d'Edmond de Goncourt. Cette volonté a eu pour motivation de financer dix auteurs de l'Académie à une hauteur de 6000 francs or par an et également à la remise d'un prix annuel d'une auteur de 5000 francs or par an. Cependant, l'Académie Goncourt devant être reconnue d'utilité publique, elle doit placer ses fonds sous forme de portefeuille comprenant des obligations d'État, certes peu rémunératrices mais jugées sûres. Hélas, celles-ci étaient non indexées sur l'inflation, phénomène inexistant en 1900 et ceux, avec la Première Guerre mondiale, puis la création du franc Poincaré en 1928, ce portefeuille obligataire s'effondre au fil des dévaluations successives ; les montants des rentes et du prix suivent la même tendance que la valeur du capital de l'Académie littéraire. On aboutit à la somme de 50 nouveaux francs en 1962.

Depuis octobre 1914, les dix membres de l'Académie Goncourt sont en résidence au restaurant Drouant, rue Gaillon, dans le deuxième arrondissement de Paris. Ils se réunissent chaque premier mardi du mois depuis 1920 dans leur salon, au premier étage du restaurant. Le prix est attribué début novembre. Si après quatorze tours de scrutin il n'y a pas de lauréat élu le président a une voix double pour déterminer une majorité de vote.
 
Suite à son élection, un chèque était remis au lauréat, élu début novembre après une séléction d'ouvrages sur quelques mois entre septembre et le moment de l'élection, depuis 1903, représentatif d'une hauteur de 10 euros de nos jours face à l'inflation. Ce procédé relève du symbolique, chaque auteur préférant par exemple l'encadrer en souvenir. La récompense étant une gloire fantastique, on estiment en effet qu'une maison d'édition bénéficiaire indirecte du Prix Goncourt peut générer jusqu'à trois millions d'euros dans les huit semaines suivant l'obtention du Prix. De part son prestige, il ne peut en l'occurrence s'obtenir qu'une seul fois dans la carrière de l'auteur à l'exception de Romain Gary qui, par le pseudonyme d'Emile Ajar, réussit à rafler une seconde fois en 1975 pour son roman La Vie devant soi, après l'avoir obtenu une première fois en 1956 avec Les Racines du Ciel.

Notons également que le prix Goncourt est indissociable, depuis 1926, du prix Renaudot, créé cette année-là par dix critiques littéraires qui attendaient la proclamation faite par le président de l'Académie Goncourt. Sans être organiquement lié au jury du Goncourt, le jury du Renaudot joue le rôle de son complément naturel, accentué par l'annonce du résultat, simultanément et dans le même cadre.

En 1988, l'Académie Goncourt a accueilli avec bienveillance la création du Prix Goncourt des lycéens par la Fnac, en collaboration avec le rectorat de Rennes.

Les dix membres de l'Académie Goncourt, qui sont cooptés par les autres membres, sont désignés à vie. Ils sont bénévoles, hormis le couvert qui leur est assuré chez Drouant. Depuis 2008, les membres sont :
  • Bernard Pivot, président du jury, membre depuis 2004
  • Didier Decoin, membre depuis 1995
  • Françoise Chandernagor, membre depuis 1995
  • Tahar Ben Jelloun, depuis 2008, au couvert de François Nourissier, démissionnaire
  • Patrick Rambaud, depuis 2008, au couvert de Daniel Boulanger, démissionnaire
  • Pierre Assouline, depuis 2012, au couvert de Françoise Mallet-Joris, démissionnaire.
  • Philippe Claudel, depuis 2012 au couvert de Jorge Semprún, mort en 2011
  • Paule Constant, depuis 2013 au couvert de Robert Sabatier, mort en 2012.
  • Éric-Emmanuel Schmitt, depuis 2016 au couvert de Edmonde Charles-Roux, démissionnaire.
  • Virginie Despentes, depuis 2016 au couvert de Régis Debray, démissionnaire.

Si des critiques sont visibles à l'égard de la récompense littéraire, notamment sur sa proximité avec d'autres Prix tel que le Femina.Ainsi Antoine de Saint-Exupéry reçoit le Femina en 1931 alors qu'il était favori du Goncourt, idem en 1993 pour Marc Lambron tandis qu'en 1959, c'est le Goncourt qui « souffle » au Femina André Schwarz-Bart. Un accord est conclu en 2000 entre les deux jurys pour que l'ordre d'attribution des deux distinctions alterne en principe d'une année sur l'autre.
 
On lui reproche également d'être passé à côté de grands auteurs tels que Guillaume Apollinaire ou Colette, dont cette dernière deviendra par ailleurs Présidente du Prix. Et bien également, de n'avoir pas assez récompensé de femmes écrivains.
 
Le Prix Goncourt est une véritable institution littéraire française qui déchaîne les passions de chacun, restant pour un certain et long moment, le prestige littéraire de notre pays.

Entrez donc dans l'Académie Goncourt !

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